Article : être écouté...


ÊTRE ÉCOUTÉ, ÊTRE ENTENDU

Et le sentiment d’être soi



Pour s’entendre, entendre nos mots, les mots de notre intériorité, et être entendu (avoir un écho…)

 L’écoute… Toute personne du domaine de la relation d’aide, masseur, soignant, psychothérapeute, coach, conseiller, etc, ne peut s’y soustraire. La société et donc nous ! (nous formons la société, la créons, la perpétuons…) nous avons inventé les professionnels de l’écoute (dont je suis aussi, gloup !). La société a atteint un niveau tellement pauvre de qualité relationnelle,  elle a nié ce que nous sommes profondément. Nous disons (en fait nous répétons, reprenons) les mots entendus de la famille, des médias, de notre système éducatif, de nos amis, mais quand disons nous nos mots ?
Qui nous écoute vraiment ? Qui laisse notre parole spontanée sortir librement de notre bouche, de notre cœur ? Qui nous laisse livrer nos mots, notre pensée, notre émotion sans nous interrompre, sans être donneur de conseils, sans placer son propre avis, sa propre pensée, et ainsi prendre la place de l’orateur : nous !
Difficile en effet, car notre parole spontanée traduisant notre sensibilité, notre perception des choses, notre vision est forcément différente des autres car nous sommes tous singuliers, uniques, dans notre expression (mais pas dans le fond, car tous nous avons  en commun un corps biologique identique, des émotions fondamentales identiques, des préoccupations qui sont à peu près toujours les mêmes depuis la nuit des temps, réalisation personnelle, sécurité matérielle, quête d’un bonheur…).
Mais nous avons besoin d’être entendus. Pourquoi ??? Pour rien ! parce que simplement notre spontanéité, c’est nous,  c’est exprimer ce que l’on est, c’est naturel, c’est tout, c’est un fait ! Bien sûr après avoir vécu pendant des années notre expression et notre parole contre-carrées, nos mots déformés, notre phrase interrompue pour être récupérée, bien-sûr notre besoin d’être entendu, écouté va devenir vital, une nécessité impérative pour se sentir soi. Si nous avons été noyés par cette inexistence de nous-mêmes (« car trop tard », nous pensons, « c’est comme ça  »), alors bien sûr, c’est l’état névrotique, c’est la maladie, c’est la sensation d’être limité, d’être enfermé, c’est l’anesthésie de notre sensibilité, de ce que nous sommes.
Alors nous nous tournons vers l’autre qui va nous aider, nous soigner, nous soulager, trouver la solution, nous aider à nous emparer de nouveau de notre liberté de choisir, de nous reconnecter à notre vrai désir (pas celui de l’autre qui habitait en nous), à notre pensée, à notre corps, à nos mots venus de notre dedans.
Ils nous aident, que ce soit par les mots, le toucher, ou bien les techniques, le thérapeute, le soignant. Absolument utiles car nous pouvons tellement être submergés que la moindre attention à notre égard sera une sortie, une respiration…Momentanée..
On nous touche, (par les mains bien sûr, mais aussi par le regard, l’écoute ou la simple présence de l’autre) … Ouf !…Enfin du repos, enfin une pause, enfin tranquille, enfin je peux ressentir, enfin je peux me laisser aller sans me refermer pour me protéger, enfin je peux me montrer, dire par mon corps et pouvoir vivre jusqu’au bout, au plus profond, dans ma chair, dans cet entrelacement de la complexité que je suis, ce que la vie me donne à vivre  à ressentir, à extérioriser, à exulter (par la relation, l’Autre qui me touche, me fait me rencontrer) .
Vivre cette possibilité, exprimer l’intériorité, la partager ouvertement, c’est  cela qui donne le sentiment d’être soi.

C’est cela au fond que toute personne vient chercher, ce à quoi elle aspire, même si superficiellement elle vient chercher du plaisir, une sensualité dans le massage, un relâchement, une décharge pour mieux repartir dans le monde du stress, ou un « sage thérapeute » qui sait et donc qui va lui dire qui elle est ou ce qu’elle doit faire pour que sa vie se déroule mieux, ou se faire soigner pour que disparaisse un symptôme dérangeant…
Il s’agit donc d’être à l’écoute et de trouver cette posture d’aider l’autre à être indépendant de nous, à trouver lui-même ses solutions, à poser ses vraies questions.   Comment allons nous nous y prendre ?!!! C’est tout l’art du thérapeute.